L’Alliance pour un Futur Sans Carie (ACFF) a lancé un appel urgent au niveau européen pour prendre toute la mesure de l’impact du classement des caries comme maladie non transmissible dans l’éducation et la formation bucco-dentaires ainsi que sur les approches de santé publique. Le but est d’inviter les chirurgiens-dentistes à sensibiliser leurs patients à la prévention comme catalyseur de santé.
Des experts internationaux sont arrivés à cette conclusion à l’occasion de la récente réunion du Conseil de concertation européen de l’ACFF qui s’est tenu à Copenhague, où ils ont étudié la signification de cette nouvelle classification des caries. La décision de changer son statut a été prise lors d’un précédent débat organisé par l’ACFF à Bruxelles avec le soutien de l’ORCA (Organisation européenne pour la recherche sur les caries), de l’Association européenne de santé publique dentaire (EADPH) et de la Plateforme pour une meilleure santé bucco-dentaire (PBOHE).
Le Conseil de concertation européen de l’ACFF qui s’est réuni à Copenhague a souligné la nécessité de mener TROIS actions spécifiques en Europe :
• REPENSER la formation et le développement professionnel des chirurgiens-dentistes et autres professionnels de santé afin de s’adapter à cette nouvelle classification des caries.
• COMMUNIQUER avec le public sur la nature multifactorielle et réversible de la maladie carieuse, afin de mettre en lumière l’importance d’une bonne hygiène bucco-dentaire, de l’utilisation du fluor, et d’insister sur la nécessité de réduire la consommation de sucre.
• ÉTABLIR UN LIEN avec des organismes tels que le Réseau mondial de lutte contre les maladies non transmissibles (MNT) et l’Alliance contre les MNT afin d’intégrer le contrôle des caries à la prévention de l’obésité et du diabète.
• Le Professeur Nigel Pitts, Directeur du Dental Innovation and Translation Centre au King’s College London Dental Institute et co-président du chapitre Européen de l’ACFF, a indiqué que:
« La décision de classifier les caries comme maladie non transmissible change la donne. Il y a clairement un besoin en Europe d’intégrer toute la science récente dans des informations pratiques et simples à destination des professionnels de santé et du grand public. Nous devons à présent aborder les caries comme une maladie non transmissible courante, complexe et chronique, dans laquelle le biofilm, le sucre et les comportements individuels jouent un rôle clé. La prévention des caries devrait donc être associée dans l’esprit du public au contrôle de l’obésité et du diabète, et des conseils devraient être prodigués dans le cadre des visites de routine avec l’équipe de soins dentaires. »
L’ancien Président de l’Association européenne pour l’éducation dentaire (ADEE), le Professeur Damien Walmsley, confirme : « Cette classification des caries comme maladie non transmissible a des implications importantes dans l’enseignement de la prise en charge des caries dans les facultés dentaires en Europe. La prévention doit trouver sa place au cœur de l’enseignement, ce qui constituera un changement majeur pour certaines facultés. J’espère que ce sera l’occasion d’ouvrir la voie à la mise en place d’un programme d’enseignement européen commun en cariologie. »
« La volonté d’agir est présente », a expliqué le Pr. Pitts, « avec pour preuve le soutien apporté par l’ACFF, l’ORCA, l’EADPH et la PBOHE à cette classification des caries, qui s’est accompagné d’un premier draft de résolutions sur la nécessité d’unifier l’approche européenne en la matière.»
L’impact économique de la prévention et du contrôle des caries est un enjeu important auquel l’ACFF s’intéresse également. Invité à prendre la parole, Stefan Listl, professeur d’économie de la santé à l’Université d’Heidelberg en Allemagne, a présenté au groupe les approches potentielles pour estimer la charge économique que représentent les caries dentaires.
Les résultats des travaux conduits par M. Listl et son équipe démontrent le potentiel lié à l’amélioration significative des normes de santé bucco dentaire des personnes âgées en Europe. Ils illustrent l’écart substantiel concernant le nombre de dents naturelles encore présentes chez les personnes âgées en Europe en fonction de leur pays d’origine. Il a également montré combien les pays différaient dans leurs approches au sujet du remplacement de ces dents. Les experts présents à Copenhague se sont alignés pour dire qu’un plan en trois points permettrait également de répondre à l’impérieuse nécessité d’adopter des approches plus préventives dans la prise en charge de la santé bucco-dentaire des adultes âgés.